ADRESSE AUX CHIENS
&
Petite histoire du meurtre
Exaspéré, j'ai secoué vivement la tête. A son tour, comme la nuit qui venait de s'achever, la journée n'en finissait pas et je pensais toujours à la morte.
Au loin l'orage grondait sur la montagne. Bientôt le gué serait noyé.
J'entendais des craquements de vertèbres épouvantables multipliés à l'infini par l'écho.
Mes jambes refusaient leur service. J'ai dû m'arrêter.
Alors, j'ai regardé mes mains.
Etait-ce les vociférations de la foudre qui les faisaient se cabrer ainsi, comme implorantes et demandant pardon ?
J'avais peur. Horriblement.
Je regarde mes mains
semblables à toutes
au bout desquelles
il y a des doigts
comme les vôtres
tous ont leurs petits
ou grands secrets
et forment autant de rébus
ou de mystères
qui ne nous appartiennent pas
les signes qu'ils tracent
nous écrivent et circonscrivent
ils apparaissent
innombrables
mais leur somme est un zéro
et nous sommes leur éclatante
énigme
le zéro ne se soulignant pas
je regarde mes mains
et les fais taire